mercredi 23 avril 2008

22 avril

De aquel querer mío
¿Qué queda en el aire?
Sólo un traje frío
Donde ardió la sangre.

(Miguel Hernández)

Regrets


Maman ta fille a bien changé...

L'enfant est assise dans un coin, il n'y a pas de lumière, il n'y a pas de feu... Il est nuit, il fait froid... Le rêve s'est enfui, on ne sait plus pourquoi... Il n'y a plus rien dans cette pièce, cette pièce anonyme où son âme est perdue... Il n'y a plus rien, rien que des gouttes d'eau brûlante qui coulent lentement sur les joues de l'enfant.

L'enfant est assise dans un coin, au loin il n'y a rien. Il n'y a que le vent qui souffle... Il a éteint le soleil... Novembre est là, peut-être, on ne sait plus comment... Il n'y a plus rien dans cette pièce, cette pièce anonyme où l'enfant s'est perdue... Il n'y a plus rien, rien que ces sanglots contenus qui déchirent le cœur de l'enfant.

L'enfant est assise dans un coin, le silence désespère. Ici, il n'y a rien, après, c'est le néant et dehors, l'infini... Il n'y a plus rien dans cette pièce, cette pièce anonyme, où l'enfant ne sait plus... Il n'y a plus rien, rien que ces couleurs trop sombres qui se fondent dans la robe noire de l'enfant.

Maman ta fille a bien changé...

Tu vois, je suis là devant toi... Les années ont passé, on ne sait plus pourquoi et novembre revient une dernière fois.

Tu vois, il y a trop de choses qui se passent en quatre ans. On vieillit sans savoir ni pourquoi ni comment... Et l'oubli vient parfois nous apporter la joie.

Tu vois, bientôt je vais avoir vingt ans... Vingt ans c'est si joli quand on trouve l'amour ! Je n'y crois plus maman ! J'ai égaré ma foi !

Tu vois, ce soir il pleut... et dehors il fait froid... J'ai voulu t'oublier, mais tu n'as pas changé, tu es là, devant moi. Il y a trop de tendresse dans ton regard... Mais il y a trop de détresse en moi !

Maman ta fille a bien changé...

L'enfant est assise dans un coin, il n'y a pas de lumière, il n'y a pas de feu... Il est nuit, il fait froid... Le rire s'est enfui, on ne sait plus pourquoi... Il n'y a rien dans cette pièce, cette pièce anonyme où l'enfant sanglotait... Il n'y a plus rien, rien qu'un carton glacé où survit le visage de celle qui n'est plus, un dernier souvenir entre les mains de l'enfant.
© Quichottine
18 novembre 1971

(22.04.1922 - 06.11.1967)

J'ai retrouvé ce "poème" entre les pages d'un vieux livre...
Peut-être n'aurais-je pas dû le relire.

...

35 commentaires:

  1. Comme elle était belle... Je comprends ton chagrin de ce matin...
    Tu vois, là, je n'ai pas de mots... Je suis venue pousser ta porte tout doucement... c'est tout...
    Bisous Quichottine.

    RépondreSupprimer
  2. Merci à toi d'être là, Eolina.

    Moi, je sais que tu comprends.

    RépondreSupprimer
  3. Juste un mot...
    Espoir...
    Car son sourire est porteur de joie et d'espoir... alors, pourquoi ne lui offrir que regret et tristesse...

    Je reviendrais te laisser un mot un peu plus long,
    Bises,

    RépondreSupprimer
  4. Espoir... oui, sans aucun doute.

    Je ne sais pas.

    RépondreSupprimer
  5. et en plus j'ai fait plein de fautes...
    Mais, comme je l'ai dit, je reviendrai...
    Yvon

    RépondreSupprimer
  6. Si tu savais combien j'en fais, moi...

    Merci d'être là, Yvon.

    RépondreSupprimer
  7. belle photo d'époque comme c'était la mode de les faire...cette photo me rappel ma mère et me génère malgré moi un momment de chagrin...

    RépondreSupprimer
  8. Tu étais déjà tout "en vrac", Pat !

    ... vivement que Marie revienne !

    Merci à toi d'être là...

    RépondreSupprimer
  9. Je ne sais pas si tu as eu tort. Ce texte me touche infiniment :-*)

    RépondreSupprimer
  10. Je ne sais pas... Oui et non sans doute.

    Merci d'être là...

    RépondreSupprimer
  11. Difficile quand on retrouve de vieux souvenirs de  ne pas les regarder .

     Mais que ce texte est touchant , magnifique aussi... .

    RépondreSupprimer
  12. Difficile...

    Merci, Loralie !

    RépondreSupprimer
  13. ce poème est magnifique, vraiment beau. Je comptais le lire en "diagonale", je n'ai pas pu, chaque mot m'a happé, retenu, imprégné...quichotine que j'avais un peu délaissée dans mes visites et commentaires...j'avais tord. 

    RépondreSupprimer
  14. Merci de revenir...

    ...et merci d'avoir pris le temps de lire.

    RépondreSupprimer
  15. C'est toujours par novembre que passe le chemin de l'hiver, le chemin de la nuit.... Un très grand merci pour m'avoir permis ce voyage dans tes souvenirs, et de lire un si bel écrit

    RépondreSupprimer
  16. Grand merci à toi de l'avoir acceptée.

    Bienvenu au jardin, Decrypto.

    RépondreSupprimer
  17. C'était il y a ...plus de 50 ans. Il ne me guiderait plus, sa main rêche dans la mienne, à travers la campagne corrézienne. Il ne me dirait plus viens "petit faon".  Je ne sentirais plus cette bonne odeur d'écurie sur son veston de velours. Il ne rajusterait plus sa casquette les jours de grand froid. Il ne viendrait plus jamais venu m'attendre devant l'école... Si tu savais combien je comprends ce matin Quichottine. Je t'embrasse fort. Sophie

    RépondreSupprimer
  18. Quel joli surnom... Petit faon ! Quelle tendresse en ces deux mots !

    ... Merci Sophie.

    Merci pour ce partage, émotion.

    RépondreSupprimer
  19. Je lis...mes yeux sont emplis de larmes...je ne les essuie pas, elles coulent jusqu'à toi en vive émotion partage.
    Je t'embrasse

    RépondreSupprimer
  20. J'essaye de me remettre car mon émotion est trop forte, accentuée en lisant les dates dessous ce visage souriant...jeune si jeune et sa fille jeune...tout est trop jeune.
    Je voudrais te prendre la main.

    RépondreSupprimer
  21. Cette nuit, tu étais avec moi, longtemps. Nous avons passé un moment, main dans la main, ou presque.

    Le temps a passé... je n'oublie pas.

    Merci d'avoir été là.

    RépondreSupprimer
  22. Tu avais dit que tu reviendrais... je suis heureuse que tu l'aies fait.

    J'aime ceux qui tiennent leurs promesses, même celles qui n'en sont pas...

    Je crois qu'avec le temps, j'ai appris qu'il y avait des personnes que l'on pouvait aimer sans crainte d'être rejetée. Aimer, en sachant que cet amour n'est pas à sens unique, c'est important je crois.

    La vie est si jolie ainsi... Je suis d'accord.

    Bises à toi aussi, et merci d'être là aujourd'hui, cela me touche beaucoup.

    RépondreSupprimer
  23. "Tu vois, bientôt je vais avoir vingt ans...
    Vingt ans c'est si joli quand on trouve l'amour !
    Je n'y crois plus maman ! J'ai égaré ma foi !"


    Avec le temps, as-tu retrouvé ta foi...
    Et je crois que toute une vie peut être jolie quand on peut s'appuyer sur l'amour des autres..

    Bises

    RépondreSupprimer
  24. Ces bugs obéiens nous rendent la vie dure parfois. Je sais combien il t'a fallu de constance pour poster ce commentaire.

    Je l'ai reçu deux fois, et c'est bien...

    Je peux te dire deux fois merci...

    RépondreSupprimer
  25. Il y a des fils invisibles sur la toile, sans doute ... ma maman, la midinette de l'Arc de triomphe, je la fais penser à la sienne, disparue 4 à 5 ans plus tôt.
    Merci pour ce beau texte, il parle avec le coeur. L'émotion revient, certes, mais la vie prend le dessu et apporte l'apaisement, mais jamais l'oubli. J'ajouterais heureusement !
    bien à toi

    RépondreSupprimer
  26. On ne peut pas oublier, et c'est tant mieux.

    Merci d'être passée dans mon jardin.
    Cela me touche beaucoup...

    RépondreSupprimer
  27. Ton poeme me touche beaucoup Quichottine. Il est beau et vrai .
    J'ai toujours du mal avec les " départs" et je me dis toujours que c'est un rappel au fait qu'il faut toujours vivre le présent et s'aimer VIVANTS.
    Cela permet de relativiser les petits ( ou grands) soucis du quotidien.
    Cela n'empeche pas le souvenir toujours tres présent de ceux qui comptent pour nous . 

    RépondreSupprimer
  28. Merci, Felix.

    Je sais que tu as raison, il faut profiter de la vie et montrer aux vivants qu'on les aime avant qu'ils ne soient plus là.

    ... Mais je sais aussi que ce n'est pas toujours possible.

    Passe une belle journée.

    RépondreSupprimer
  29. mon com n°14 est signé bizarement de Jeanne Fadosi
    alors que c'est bien Felix qui ecrit

    encore un tour d'OB !

    RépondreSupprimer
  30. Tu as écrit le 15e, mais les informations du 14e, qui est bien de Jeanne, étaient restées dans le "cache". C'est un bug obéien. Il suffit de "recharger" la page pour que tout s'arrange. J'ai bien reçu ton commentaire avec la bonne signature.

    Merci encore d'être venu jusque ici.

    RépondreSupprimer
  31. Je n' avais rien pu dire à la parution de cet article, et aujourd' hui encore, j' ai du mal à le lire ....
    Je t' embrasse très très fort ma Quich'

    RépondreSupprimer


  32. Je t'embrasse très très fort aussi.

    RépondreSupprimer
  33. Transfert sans trop de problème. :)

    RépondreSupprimer